Interview d'Olivier Thual
Pouvez-vous vous présenter succinctement ?
Je suis Olivier THUAL, enseignant chercheur à Toulouse INP – ENSEEIHT et à l’IMFT depuis… un certain nombre d’années. Le thème de mes enseignements et de ma recherche est la mécanique des fluides appliquée aux écoulements environnementaux : l’atmosphère, les océans, l’hydrologie et, d’une manière plus générale, le climat. J’ai occupé plusieurs fonctions lors de ma carrière comme responsable de groupe de recherche, directeur de département, président du concours CCINP/MP ou chargé de mission outils numériques pour la pédagogie.
Pourquoi avez-vous souhaité devenir formateur à l'animation de la Fresque du climat ?
En 2019, des élèves ingénieurs de mon cours « Météorologie et climat » m’ont incité à venir observer la séance qu’ils avaient planifiée en sollicitant un formateur de l’association « La Fresque du Climat ». Les membres de l’association GreenTeam, devenue depuis Ingénieur·e·s Engagé·e·s N7, m’ont ensuite demandé si je pouvais les aider à organiser une « Rentrée Climat » à l’ENSEEIHT, voire pour d’autres composantes de Toulouse INP. Je me suis pris au jeu en devenant formateur agréé de l’association puis instructeur, et je suis fier d’avoir formé près de 400 animatrices et animateurs parmi les étudiantes, étudiants ou personnels de Toulouse INP. Avec des collègues, nous avons été lauréats de deux projets pédagogiques (BIP et B2D) ayant pour objectif de mettre en œuvre la Rentrée Climat dans plusieurs écoles d’ingénieurs de Toulouse Tech et d’y renforcer ou développer des enseignements sur le développement durable. Depuis, une équipe s'est constituée pour coorganiser les Rentrées Climat, avec le soutien du VP écologisation.
Qu’apporte cet atelier de différent par rapport à un cours magistral ou une formation classique ?
Un atelier de la Fresque du Climat, d’une durée de trois heures, est un formidable outil pédagogique, qui permet d’acquérir des connaissances et même de développer des compétences, tout en étant actif dans le cadre d’un travail de groupe. Le succès de ce jeu sérieux peut constituer une source d’inspiration pour les enseignantes et les enseignants qui souhaitent dynamiser les cours. Avec plusieurs collègues, nous avons d’ailleurs construit l’enseignement « APP Climat », qui permet d’approfondir la Fresque en demandant aux étudiants de construire des « mini-fresques ». Ce principe de « cours renversé », où les étudiants construisent un savoir et le transmettent à leurs pairs à travers l’animation de leur propre jeu sérieux, rencontre un franc succès.
Le climat est un sujet qui nous concerne, tous mais les étudiants et les personnes ne possèdent pas les mêmes connaissances scientifiques, est-ce que cet atelier s’adresse vraiment à tous ?
La Fresque du Climat s’adresse à tout le monde, quel que soit son niveau scientifique. Il existe même une version « junior » pour les jeunes en primaire ou au collège. Au cours de la cinquantaine de fresques que j’ai animées, j’ai remarqué que ce jeu sérieux fonctionnait aussi bien pour les non scientifiques que pour les spécialistes du climat. L’objectif de l’association « La Fresque du Climat » est d’atteindre un million de participants en 2021. Le compteur en est au dixième de ce chiffre en 2020, mais la croissance est exponentielle. La Rentrée Climat, qui concerne tous les établissements d’enseignement supérieur, est un moteur efficace de diffusion du jeu.
Pourquoi est-ce important à votre avis de former/sensibiliser les élèves et les personnels de Toulouse INP ?
Tout d’abord, la médiation scientifique, c’est-à-dire la transmission de connaissances au grand public de manière abordable, fait partie des missions des établissements supérieurs. Le jeu sérieux « La Fresque du Climat » est une formidable opportunité de mettre en valeur les compétences pluridisciplinaires de Toulouse INP : énergie, biologie, chimie, environnement, climat, etc. Dans la mesure où tout le monde peut devenir animatrice ou animateur de la Fresque du Climat, en suivant une formation de deux ou trois heures, cet outil permet d’impliquer tous les membres de l’établissement, indépendamment de leur statut (étudiant, enseignant, personnel administratif ou technique…). D’autre part, les enjeux de développement durable intéressent de plus en plus les étudiants et l’attractivité des formations va dépendre de la place accordée à ces thèmes dans les enseignements. La Rentrée Climat est une première marche vers la mise en valeur et le renforcement des points forts de Toulouse INP dans la prise en compte de ces enjeux.
Comment avez-vous fait pour maintenir des ateliers pendant la période de confinement que nous venons de traverser ?
Dès le premier confinement, j’ai mis en place des ateliers et des formations à l’animation à distance, en utilisant les outils Zoom et Mural. Tout en espérant une Rentrée Climat 2020 en présentiel, j’ai mis ou point des scénarios permettant d’accueillir cent ou deux étudiants à la fois en m’appuyant sur la plateforme pédagogique Moodle, utilisée dans toutes les composantes. Pendant une trentaine de minutes, j’explique aux participants le déroulement des ateliers (vidéos 1, 2 et 3) et j’invite la quinzaine d’animatrices et animateurs mobilisée à se présenter devant tout le groupe. Mes « Murals » des ateliers (tables virtuelles pour le jeu) sont conçus pour que les groupes (de six participants) puissent jouer en quasi-autonomie, en cas de pénurie d’animatrices ou d’animateurs, ce qui ne s’est heureusement pas produit. Les Rentrées Climat à l’ENSEEIHT et à l’ENSAT se sont déroulés à distance sur ce principe et ont été très appréciés des participants. Nous espérons que celles de l’ENSIACET et de La Prépa, prévues au second semestre, pourront se dérouler en présentiel.
Existe-t-il des fresques/ateliers au sein de Toulouse INP sur d’autres thématiques en lien avec le développement durable et la responsabilité sociétale ? Souhaitez-vous les faire ?
Dans le cadre de l’association « La Fresque du Climat », plusieurs autres fresques ont été construites ou sont en cours d’élaboration, comme les fresques Océane, de la Biodiversité, des Déchets, du Numérique, du Transport aérien, etc. Elles n’ont pas encore fait l’objet d’atelier au sein de Toulouse INP, mais un enseignement sous forme de projet à l’ENSAT a pour objectif de construire une "fresque des Zones humides". En 2016 et 2017, j’ai fait passer le Sulitest à tous les élèves ingénieurs de première année de l’ENSEEIHT, dans l’idée de motiver le développement de modules d’enseignement autour de la « Sustainability Literacy ». Des collègues de l’ENSIACET m’ont alors invité à leur faire part de mon expérience de mise en œuvre de cet outil pédagogique et, depuis, ce « Test » y sert de base à des enseignements sur le développement durable. Je souhaite collaborer avec ces collègues pour faire profiter d’autres composantes de leurs initiatives pédagogiques.