Interview d'Aurélien Liné
Pouvez-vous vous présenter succinctement ?
Bonjour, je m’appelle Aurélien LINÉ, j’ai 24 ans.
Je suis chercheur doctorant au Cerfacs[1], inscrit en thèse à l’INP.
J’étudie le climat, et en particulier les changements climatiques en France pendant la prochaine décennie, en fonction de plusieurs scénarios socio-économiques définis pour le 6ème rapport du GIEC[2].
Auparavant j’ai étudié à Toulouse INP-ENSEEIHT, au département d’Hydraulique et de Mécanique des Fluides, et encore avant à La Prépa des INP de Toulouse.
Pourquoi avez-vous souhaité devenir animateur.rice de la Fresque du climat ?
Il me semble essentiel de sensibiliser tout le monde à la problématique du climat. Sachant que les actions individuelles ne suffiront pas, il faut insuffler une réelle prise de conscience collective pour faire évoluer le fonctionnement global de la société vers des manières de vivre plus conciliantes : cela passera par des engagements politiques forts.
À première vue, l’effort à fournir pour modifier l’impact actuel de l’humanité peut sembler trop grand, trop difficile, et en décourage plus d’un. Cependant, en en faisant un peu plus chaque jour, on arrivera à terme à un changement global de grande ampleur.
Faire la morale ou dicter aux gens les bonnes pratiques n’est à mon avis pas une solution. Leur faire prendre conscience par eux-mêmes de ce qu’ils peuvent faire me semble beaucoup plus efficace. Aussi, s’approprier le fonctionnement du climat permet d’évacuer des peurs, souvent sources d’immobilisme.
Dans ce sens, je suis motivé pour animer des Fresques en famille, avec des amis, à l’INP pour la Rentrée Climat, mais également au sein de l’association avec des personnes que je n’aurais pas rencontrées autrement. J’aimerais également animer des Fresques auprès des jeunes publics dans des écoles, collèges, lycées.
Qu’apporte cet atelier de différent par rapport à un cours magistral ou une formation classique ?
La Fresque du Climat est un « jeu sérieux ». Elle permet à une petite équipe d’interagir pour raconter une histoire ensemble de manière ludique. Selon les personnes présentes, leurs sensibilités, les échanges qui ont lieu, différentes trajectoires sont suivies : chaque Fresque est unique !
L’action de créer le cheminement de cause à effet entre les cartes permet d’assimiler les concepts : le cerveau est actif et enregistre un raisonnement. De plus, le débat qui a lieu pour décider collectivement des liaisons à tracer incite chacun et chacune à se questionner tout au long de la partie.
Il ne s’agit en aucun cas d’un transfert de connaissance vertical, d’une personne qui possède le savoir vers des apprenants, comme lors d’un cours magistral stéréotypé.
Par rapport à une formation classique en climat, il ne s’agit pas de rentrer dans le détail physique de chaque phénomène et d’en comprendre les processus liés, mais de dessiner un cheminement général.
Les joueurs ne repartent pas en étant des experts du climat, et il est probable qu’ils n’aient pas saisi une partie des liens, ou ne retiennent pas certaines informations. Mais ils ont planté de nouvelles graines de réflexion sur le changement climatique, et ont, au fil des discussions, commencé à s’occuper d’elles en leur donnant du bon terreau et de l’eau pour les faire grandir.
Le climat est un sujet qui nous concerne, tous mais les étudiants et les personnes ne possèdent pas les mêmes connaissances scientifiques, est-ce que cet atelier s’adresse vraiment à tous ?
N’importe qui peut réaliser la Fresque simplement en suivant les informations données en aide au dos de chaque carte. Les connaissances scientifiques des participants et de l’animateur ou animatrice ne sont pas une nécessité, simplement un plus : une coloration qui donne son originalité à la Fresque.
Chacun apporte un peu de son expérience, de sa compréhension, de son ressenti vis-à-vis du sujet, ce qui a pour effet d’enrichir la création de la Fresque ! (et les échanges)
Pourquoi est-ce important à votre avis de former/sensibiliser les élèves et les personnels de Toulouse INP ?
Je pense qu’il est important de sensibiliser tout le monde !
Toulouse INP a pour mission de former de jeunes adultes, c’est donc une très bonne opportunité pour les sensibiliser au changement climatique.
Une fois que l’organisation de cet évènement a été décidée au sein de l’établissement, il n’y avait pas de raison d’en exclure les personnels. Au contraire, les rencontres informelles entre étudiants et personnels sont souvent d’agréables réussites. Et puis, plus on est de fous, plus on rit !
Comment avez-vous fait pour maintenir des ateliers pendant la période de confinement que nous venons de traverser ?
J’ai été initié à la Fresque du Climat pendant la période de confinement. Nous avons alors joué en ligne, ce qui me semble une bonne alternative étant donné les contraintes liées à la situation.
Ceci étant dit, j’ai eu la chance d’animer une Fresque en « présentiel » dans mon équipe de recherche après le déconfinement, et ce format est bien sûr bien plus agréable.
Existe-t-il des fresques/ateliers au sein de Toulouse INP sur d’autres thématiques en lien avec le développement durable et la responsabilité sociétale ? Souhaitez-vous les faire ?
Je sais qu’il existe d’autres Fresques, par exemple la Fresque de la Biodiversité, mais ne sais pas si elles sont animées au sein de l’INP.
Si tel est le cas, je serais ravi d’y prendre part !
[1] Centre Européen de Recherche et Formation Avancée en Calcul Scientifique
[2] Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat